Dans notre société, nous avons pris l’habitude de regarder par la fenêtre. Celle de notre maison, de notre voiture, de la télévision ou de notre smartphone. Ce regard particulier, isolé de ce qui est regardé s’applique aussi à une fenêtre que nous ne pouvons pas quitter, nos yeux.

Nous avons appris et cultivé la notion de paysage dans le regard que l’on porte sur ce qui nous entoure. Ainsi, ce qui est regardé est considéré comme extérieur à moi, comme si une vitre nous séparait. Cette notion est particulière et endémique à notre culture occidentale et je voudrais attirer votre attention sur ce que cette simple position de la conscience participe à construire dans notre mode de vie quotidien.

La conscience qui nous permet d’être informé que nous existons peut, si elle n’est pas maintenue en équilibre, nous transmettre des informations erronées du type, ça c’est dehors ! Peut-être sommes nous la seule espèce vivante capable de se croire à l’abri du contexte dans lequel elle évolue… La notion de paysage, nous extrait systématiquement du vivant impliquant des changements de comportements qui ont transformé notre société et qui participent clairement à cet état d’alerte sociale et climatique que la plupart semble découvrir avec étonnement aujourd’hui. Ce regard qui colonise l’environnement pour en faire son paysage, nous a amputé de la vigilance, il a nourri en nous un sentiment d’invulnérabilité, une sensation d’extériorité au vivant qui génère en l’homme l’irresponsabilité dont nous sommes tous co-participants.

Alors quelles sont les changements que nous pouvons apporter ?

Modifier notre regard, réduire un peu le pouvoir que nous avons donné à nos yeux pour le redistribuer à notre faculté de ressentir. Se laisser s’émerveiller devant la beauté d’un soleil levant, oser s’émouvoir en passant à côté d’un renard mort d’avoir voulu traverser, se laisser toucher à nouveau, re-participer à ce grand mouvement du vivant, écouter les arbres qui nous regardent sagement faire et prendre nos responsabilités. Notre pouvoir sur la notion de paysage est fondamental, nous avons construit un regard qui ne souffre plus, un regard qui peut passer d’un tsunami meurtrier au divertissement du samedi soir comme si cela était naturel. La notion de paysage nous a protégé jusqu’ici de notre insouciance mais aujourd’hui, il est primordiale d’accepter à nouveau de sentir le vivant autour de nous, il nous montrera les erreurs que nous avons commise mais aussi les solutions qu’il met encore à notre disposition pour grandir. Il ne manquera certainement pas non plus de nous rappeler que c’est notre espèce qui s’est mise en danger et que le vivant continuera son aventure avec ou sans nous.

Voyez comment notre regard seul peut transformer le monde… Entrons dans le paysage, fondons nous en lui, retrouvons notre lien avec le vivant et acceptons nos responsabilités.

Nous ne cessons de parler des ressources naturelles qui diminuent mais là encore, nous parlons de ce celles qui sont en dehors. Je pense que l’heure est à la ressource intérieure, à la mémoire des sagesses passées confondues au génie du présent. Je pense que nous sommes dans une période de transformation dont on reparlera dans 200 ans. Je pense que chacun d’entre nous est un participant du vivant et que plus tôt il se reconnaitra plus tôt l’équilibre reviendra. Je pense qu’avant d’être d’ici ou d’ailleurs, avant d’être de gauche ou de droite, avant d’être comptable ou chômeur, avant d’être moi, toi ou un autre, nous sommes tous partie intégrante du paysage, frères et sœurs qui se chamaillent autour d’idées alors qu’il leur suffirait de se voir à nouveau dans leur plus simple élément; Vivants !

Ouvrons des espaces pour regarder plus lentement, que le paysage ne reste pas une trace de traits tirés par la vitesse. Prenons le temps de ressentir, déverrouillons le focus de notre regard et ouvrons nos cœurs à l’authenticité, celle qui reconnaît, assume et accepte les responsabilités.

2 Comments

  • Cousin Marc dit :

    Je suis heureux de t’avoir redécouvert aujourd’hui à l’Alchimie, alors qu ton visage était resté celui de la “biocoop”. Bravo pour ces beaux textes, cette belle pensée que je suis heureux d’avoir découvert. Ton site à l’air de bien refléter l’énergie sereine et joyeuse que tu dégages.
    Nos chemins se re-croiseront vite!

    A bientôt

    Marc

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